Compétences de base: Le rapport

Sur mandat du SEFRI, l’AUPS, de concert avec la FSEA, la Fédération suisse Lire et Écrire et la CICB, a relevé auprès des cantons et des prestataires l’état et les thèmes importants de l’encouragement de l’acquisition et du maintien des compétences de base chez l’adulte (CBA), et a formulé des recommandations à l’intention du groupe de travail qui prépare le document stratégique 2021-2024.

L’AUPS a mené pour ce faire des entretiens avec tous les cantons, avec les faîtières de la formation continue et avec la CICB. Elle a interrogé en ligne un grand nombre de prestataires de formation.

Fort d’une quarantaine de pages avec une annexe étendue, le rapport qui en est résulté fin mars 2019 présente de nombreuses constatations et évaluations sur l’état de l’encouragement des CBA. Regroupées, elles permettent dix conclusions:

1

Le sujet est reconnu.Les CBA sont à l’agenda de la politique en matière de formation et il existe un instrumentaire pour leur encouragement, dont la légitimité est reconnue. Mais le tabou n’est pas encore brisé. àRecommandation: le groupe de travail pour le second document stratégique 2021-2024 poursuit le développement de l’encouragement, notamment en lançant un processus stratégique (voir point 4.5).

2

Le contenu et la perception des CBA soulèvent des questions. Les contenus ne sont pas parfaitement clairs et il reste à déterminer dans quelle mesure les CBA, au-delà de leur importance dans le monde du travail, doivent également servir à maîtriser le quotidien et les tâches concrètes (p. ex. parentalité) et à participer à la société, à la culture et à la politique. Recommandation: préciser la perception et différencier les offres.

3

L’interaction entre la législation spéciale et la loi sur la formation continue ne fonctionne pas. La législation spéciale et la LFCo ne fournissent pas une vue d’ensemble ni un encouragement coordonné des CBA. àRecommandation: le comité national de pilotage de la Collaboration interinstitutionnelle (CII) prépare un tableau d’ensemble avec les cantons et élabore des mesures pour que la LFCo comble les lacunes.

4

La tâche permanente doit être structurée avec soin. L’encouragement des CBA est un secteur nouveau de l’éducation, qui ne disparaîtra plus. Il vaut la peine de bien l’organiser et de lui assurer des moyens durables. àRecommandation: les cantons mettent sur pied les structures nécessaires, édictent le cas échéant des lois d’introduction de la LFCo et assurent la formation des formatrices et formateurs; la Confédération assure les moyens nécessaires.

5

Les modèles doivent être élaborés dans les cantons selon une approche ascendante. Le secteur de l’encouragement des CBA doit constituer une tâche permanente insérée de manière optimale dans l’enseignement du canton. Les initiatives que les cantons prennent d’en bas viennent compléter l’impulsion que la LFCo donne d’en haut. àRecommandation: le pendant de la liberté des cantons est le soutien et le suivi que le SEFRI leur assure pour l’élaboration, entre autres, de conventions-programmes, et la coordination continue des mesures individuelles destinée à garantir des normes minimums dans l’ensemble de la Suisse.

6

Il faut davantage de fonds fédéraux et cantonaux.Si l’on systématise l’encouragement et si la sensibilisation obtient davantage d’effet, les moyens actuellement à disposition seront insuffisants. àRecommandation: la Confédération augmente nettement ses crédits pour la période 2021-2024, en modifie la clef d’utilisation et examine comment rendre plus sûres les planifications des cantons (moins de dépendance vis-à-vis du subventionnement avec des périodes de quatre ans); les cantons étudient la possibilité d’augmenter leurs propres fonds.

7

La sensibilisation a encore trop peu d’effet.Malgré tous les efforts consentis, legrand défi reste de trouver les personnes «concernées». àRecommandation: renforcer les mesures (entre autres par des campagnes régulières au niveau national, financées pour l’essentiel par la Confédération) et les diversifier (entre autres en perfectionnant et élargissant le projet des ambassadeurs); les conseils personnels et les activités allant au-devant des gens jouent un rôle tout aussi important.

8

Le service conseil et les formations individuelles sont des éléments cruciaux.Chaque personne «concernée» présente des lacunes différentes en matière de CBA ou manque des CBA nécessaires pour différents objectifs. C’est la raison pour laquelle des cours standard sont indiqués et prometteurs. àRecommandation: il faut dans la mesure du possible commencer par faire un point individuel, puis établir un plan personnel de formation avec le financement nécessaire en mettant également à profit les potentiels contenus dans la législation spéciale. Un suivi ou un mentorat peuvent constituer un complément utile. S’y ajoute une didactique spéciale.

9

Pas de soutien à l’innovation.La LFCo n’autorise l’encouragement de projets pour le perfectionnement du secteur des CBA que dans des limites extrêmement étroites.àRecommandation: le SEFRI étudie la possibilité de financer des projets. Proposition: 20% des subventions fédérales vont non pas aux cantons, mais à la CIFC, qui s’en sert pour encourager des initiatives interdisciplinaires.

10

En forçant un peu le trait, on peut dire que des questions importantes restent sans réponse, par exemple:

  • Qu’est-ce que cela signifie pour l’encouragement s’il n’atteint qu’une personne «concernée» sur 100?
  • Qu’est-ce que cela signifie pour les personnes «concernées» de devoir donner la preuve de leur utilité?
  • Le modèle «Nous vous apportons l’instruction» finit-il par revaloriser les «gens instruits» et dévaloriser les «gens trop peu instruits»?
  • Les «personnes concernées» seraient-elles davantage disposées à une formation continue s’il leur était aussi permis d’avoir quelque chose à offrir?
  • Faudrait-il compléter les CBA en lecture et écriture par une CBA en écriture chez les expéditeurs de communications essentielles pour la maîtrise du quotidien (p. ex. administrations fiscales, caisses de compensation AVS, assurances maladies)?

Le rapport débouche sur un total de 27 recommandations aux cantons, à la Conférence des directeurs de l’instruction publique, au SEFRI, au comité national de pilotage de la Collaboration interinstitutionnelle, aux prestataires, aux organisations de la formation continue, et, en premier lieu, au groupe de travail qui va préparer le document stratégique pour l’encouragement des CBA pendant la période 2021-2024.