Histoire de l’AUPS
- Premières Universités populaires suisses
- Vers une association
- Développement de l’éducation des adultes
- Certificats et cours en informatique
- Crises et conflits
- Passage de la culture à l’économie, de l’OFC au SEFRI
- Tirer des enseignements des crises
- Rénovation des Universités populaires
- Les présidents de l’association
- Notes
- Littérature
- Fascicule
Premières Universités populaires suisses
Jusqu’en 1918, l’Association d’éducation ouvrière, des organismes liés aux Églises, la Société suisse d’utilité publique et diverses sociétés féminines organisèrent des formations et des formations complémentaires pour adultes. Les universités s’intéressèrent elles aussi à l’éducation des adultes en s’inspirant des University Extensions anglaises.
En 1918, les tensions sociales que l’industrialisation accélérée avait entraînées débouchèrent sur la Grève générale des 12, 13 et 14 novembre, à laquelle 250.000 ouvriers et ouvrières et syndicalistes prirent part.(1)
En 1919, l’Université populaire de Bâle lança les premiers cours universitaires populaires, ce qui marqua le début d’une réforme du système éducatif visant l’intégration de larges couches de la population. L’Université populaire de Berne vit le jour la même année, et celle de Zurich suivit en 1920. Les programmes s’adressaient aux travailleuses et travailleurs et à toute personne n’ayant jusqu’alors pas accès à une formation universitaire.(2) Les nouvelles sociétés industrielles avaient besoin d’un personnel mieux formé, tandis que la nouvelle bourgeoisie cherchait à asseoir sa domination culturelle.
Ce développement trouvait des modèles dans les University Extensions et dans les séries de conférences des universités d’Autriche.(3) Le mouvement éducationnel visait dans toute l’Europe à « rassembler [le peuple] en une unité harmonieuse, à l’inciter à une action commune à tous, et à éduquer l’individu en lui rendant sa dignité humaine ».(4)
Le monde ouvrier suisse se distingua cependant, plutôt par sa réserve et ne fréquenta que peu les cours. Ce furent, à la place, surtout des femmes et des hommes de condition bourgeoise qui suivirent ceux-ci.
Des membres de la direction de la Grève générale de Bâle en août 1919 montent dans leur voiture. Quelques centaines d’ouvriers participèrent à la grève. L’UP de Bâle se constitua en octobre 1919, en partie en réaction à cette grève. Source: Archives d’État de Bâle-Ville, photo 13, 389.
Vers une association
1923 vit le premier congrès des Universités populaires de Suisse.
En 1929, Hermann Weilenmann, directeur de l’UP de Zurich, présenta un projet de statut pour une association nationale des Universités populaires. Accueillie avec scepticisme, l’idée fut remise à plus tard.(5)
À partir de 1932, l’UP de Zurich publia la revue Volkshochschule, qui contenait des articles spécialisés, les cours proposés à Zurich, les rapports annuels et, à partir du début de la Deuxième Guerre mondiale, des nouvelles nationales.(6)
En 1942, Hermann Weilenmann présenta les achèvements des UP à la Nouvelle Société Helvétique, d’inspiration nationaliste conservatrice, établissant une comparaison entre l’institution et les foyers d’éducation populaire du Danemark et d’Allemagne du Nord qui, disait-il, s’étaient unis « pour une collaboration de longue durée ».(7)
La même année, les Universités populaires organisèrent un second congrès national, consacré aux thèmes de la neutralité et de la défense spirituelle du pays. Les UP devaient viser « un mode de vie raisonnable et communautaire de l’individu ».(8) Fonder une association semblait impératif devant la menace existentielle provenant de l’extérieur.
1943 vit l’assemblée constituante de l’AUPS. Adolf Portmann, directeur de l’UP de Bâle et professeur de zoologie, fut élu président. Le secrétariat, installé à Zurich, fut confié à Hermann Weilenmann.
En 1944, l’AUPS organisa sa première assemblée générale ordinaire à Zurich. 11 membres s’y firent représenter. À la fin de l’année, l’Association comptait 53 membres.(9)
La première publication de l’Association était d’une présentation modeste, mais ce qu’on y lit a son poids: l’initiateur de l’AUPS, Hermann Weilenmann, y décrit l’importance de la formation des adultes pour la démocratie. Source: Weilenmann 1944a.
Pas d’association sans «organe officiel». La brochure «Volkshochschule» était éditée par l’Association d’encouragement à l’UP du canton de Zurich et contenait en premier lieu des articles spécialisés, mais publiait également des nouvelles de l’AUPS. Source: Weilenmann 1944a, p. 36.
Développement de l’éducation des adultes
1944 vit la création de l’École-club Migros, qui proposait avant tout des cours de langues.
1951 vit la fondation de la Fédération suisse pour l’éducation des adultes (FSEA). Hermann Weilenmann en devint le premier président. La FSEA avait pour objectif la formation continue dans la société, parce que, ainsi l’exprimait-on, la vie des peuples, comme celle de l’individu, est variée et compliquée et que la démocratie a besoin de citoyens capables d’une pensée critique et autonome.(10)
À partir du milieu des années 50, les Universités populaires conquirent également les régions rurales de Suisse alémanique et de Suisse romande. Elles offraient entre autres des cours de sciences naturelles, de religion, de philosophie, d’art, de musique, d’histoire et de sciences sociales.
En 1963, les Corsi per Adulti du Tessin adhérèrent à l’AUPS. Depuis cette date, les Universités populaires sont représentées dans toutes les régions du pays.
En 1964, le nombre des membres de l’AUPS atteignit 149.
Dans les années 1960, la concurrence augmenta dans le domaine de l’éducation des adultes. Les Universités populaires et l’AUPS furent contraintes de réagir et de discuter de professionnalisation.(11)
En 1974, l’AUPS publia ses premières statistiques sur le nombre total d’heures des cours fréquentés dans l’ensemble des Universités populaires. La barre du million fut franchie en 1978.(12)
En 1975, la commission fédérale d’experts dirigée par le conseiller national Gaston Clottu publia son rapport (13) sur la politique culturelle en Suisse. Ce rapport demandait que le grand public ait accès à la culture générale afin « d’acquérir les techniques de l’expression culturelle et d’épanouir [sa] sensibilité ».(14) L’éducation des adultes devint une tâche de la politique culturelle.
L’UP a une fonction cardinale en démocratie, tel est le message essentiel d’un article de Hermann Weilenmann paru en 1948 dans la Volkszeitung. Source: Archives d’État de Zurich.
Certificats et cours en informatique
De concert avec les association des Universités populaires respectivement d’Allemagne et d’Autriche, l’AUPS organisa des examens normalisés d’anglais, d’espagnol, de russe, de mathématiques et d’électrotechnique. Le succès fut immense. Les diplômes de langue étaient particulièrement appréciés.
Les responsables de cours purent désormais se perfectionner sous l’angle didactique et professionnel lors de colloques mis sur pied par l’AUPS (15), qui de son côté participait à l’International Certificate Conference (ICC).
En 1979, l’AUPS entama une coopération avec la radio et télévision alémanique SRF. La SRF émettait le cours d’anglais « Follow me » et les Universités populaires reprenaient ce cours dans leurs programmes.
À partir de 1984, les Universités populaires proposèrent des cours d’informatique en lançant un certificat en informatique. Elles furent toujours plus nombreuses à adapter leurs locaux pour y tenir des cours d’informatique.
Couverture du rapport annuel 1985/86. Les UP organisèrent leurs premiers cours d’informatique dans les années 1980. Source: archives AUPS.
Une photo de l’assemblée générale 2002 réalisée par Anton Lindgren; on remarquera la correction dans la légende. Tant Anton Lindgren (président de l’AUPS de 1976 à 1980 et directeur de l’UP de Berne) que Robert Schneebeli (président de l’AUPS de 1983 à 1992 et directeur de l’UP de Zurich) ont marqué de leur empreinte la formation des adultes en Suisse dans les années 1970 et 1980. Source: archives AUPS, boîte 6.
Crises et conflits
Les membres de l’AUPS ont régulièrement remis en cause la raison d’être de l’Association.
En 1981, ils exigèrent que l’Association puisse augmenter ses prestations, déclarant qu’un secrétaire à temps partiel ne suffisait pas pour leurs besoins. L’AUPS engagea de ce fait une secrétaire à temps complet.
En 1985, les UP exigèrent que l’Association tienne mieux compte des particularités de chacune d’elles.(16)
En 1992, les UP enregistrèrent plus de 2,1 millions d’heures-personne. Les chiffres baissèrent ensuite. Les UP critiquèrent leur association pour ne pas les avoir préservées de cette baisse.
À la même époque, on commença en Europe à discuter d’assurance qualité et de formation d’expertes et experts pour les certificats de langue. La « Déclaration de Hambourg sur l’éducation des adultes » rédigée lors d’une conférence mondiale de l’UNESCO définissait l’éducation des adultes comme une « clé pour le XXIe siècle ».(17) La « société apprenante » était dans toutes les bouches.(18) Les UP de Suisse y virent leur chance.
En 1997, Pierre Cevey, ancien chef du Département de l’instruction publique du canton de Vaud, résumait le changement culturel comme suit :
« Les temps où l’on acquérait dans une première étape des connaissances nécessaires pour une profession déterminée que l’on exerçait ensuite toute sa vie, ces temps que la plupart d’entre nous ont encore connus sont désormais révolus. »(19) La mondialisation, continuait-il, produit des gagnants et des perdants, il faut rester dans la course.
En 2000, l’AUPS dut prendre connaissance de rapports supranationaux sur la formation, tels que la première enquête PISA, qui ne donnaient pas uniquement de bonnes notes à la Suisse. « Le chemin vers une société de la connaissance est encore long », écrivait l’Association dans son rapport annuel 2000/01.(20) Elle se fixa comme objectif une loi nationale sur la formation continue.(21) Les Universités populaires voyaient en même temps la concurrence augmenter car, à l’enseigne de l’apprentissage tout au long de la vie, la formation continue était devenue un marché intéressant.
L’exercice 2002/03 présenta un déficit de près de 130 000 francs malgré des subventions fédérales de 300 000 francs et les cotisations des membres : le prix des nombreuses initiatives de l’AUPS, coûteuses en travail.
L’AUPS en resta à la devise « Qui n’avance pas recule ».(22) Le nouveau président, Fabien Loi Zedda, secrétaire général du Département de la formation du canton de Vaud, était convaincu que « l’Association survivra[it] et sortira[it] plus forte de cette crise ».(23) Les introductions des rapports annuels furent désormais rédigées par des conseillers fédéraux, qui louaient l’engagement des Universités populaires. On y lisait que la formation est un processus de développement auquel les UP apportent une contribution précieuse. L’AUPS se vit attribuer des contributions de soutien en particulier dans les domaines des compétences de base et de l’analphabétisme fonctionnel.(24)
En 2012, la question primordiale revint sur le tapis : pourquoi l’AUPS ? L’Association faisait face à un découvert financier considérable et à des critiques quant à des prestations insuffisantes, qui mettaient sa survie en danger. Elle comptait certes encore 80 membres, mais les chiffres de fréquentation étaient en baisse. Alors que le nombre d’heures de cours suivies avait dépassé les 2 millions en 2012, il n’était plus que de tout juste 1,3 million en 2013. Le secrétariat au personnel étoffé et les nombreux projets nationaux et internationaux augmentaient le trou dans la caisse. Il n’était plus possible de continuer ainsi.(25)
En 2013, les membres réunis en assemblée extraordinaire adoptèrent un modèle d’association ne prévoyant que peu de tâches supplémentaires. Les activités de l’Association furent limitées à la Suisse.(26) Elles comprenaient désormais :
- Défense des intérêts des UP auprès d’organismes suisses tels que la FSEA, auprès des autorités et vis-à-vis du public.
- Information aux membres au sujet de la politique de la Confédération en matière de formation continue.
- Renforcement de la collaboration entre les membres.
- Diffusion de la conception de la formation que les UP défendent.
- Service-conseil aux membres en matière d’agencement des programmes et de gestion des affaires.
Le développement de la qualité et la formation continue des responsables de cours furent déclarés prestations supplémentaires que l’AUPS voulait assurer par le biais de contributions désormais destinées à des tâches précises.
Cette réorientation entraîna la suppression du secrétariat de Berne dont l’effectif était de 6 ETP. L’UP Zurich se chargea d’un nouveau secrétariat de dimension réduite. Une collaboratrice à temps partiel s’occupa désormais de mettre en place et de coordonner la formation continue des enseignantes et enseignants des UP.(27) Les tâches administratives furent réduites au minimum et assumées par certaines UP et par des bénévoles.
En 2016, le phénix put renaître de ses cendres. Le nombre d’heures de cours suivies par année remonta à 1,8 million, de nombreux membres prospéraient.
En 2019, l’AUPS lance son propre label de qualité, +up, qui s’appuie sur des cercles de qualité au sein desquels plusieurs UP évaluent ensemble leur gestion de la qualité.
En 2020, la première année de la pandémie de Covid-19 avec le confinement national que celle-ci a entraîné, l’AUPS joue son rôle de faîtière par des conseils, un soutien et des offres de formation continue à l’adresse des responsables de cours contraints de passer d’un jour à l’autre à l’enseignement en ligne.
En 2021, l’AUPS renforce le secrétariat de Zurich et engage du personnel supplémentaire. Elle appuie davantage ses activités sur la loi de 2017 sur la formation continue et, surtout, elle accroît son engagement en faveur des compétences de base, de la formation continue des personnes de 65 ans et plus, et de l’éducation à la durabilité. Elle promeut en outre la gestion de la qualité.
En 2023, le nombre de participants à des cours remonte après la chute due à la pandémie.
En 2024, le nombre de participants à des cours retrouve le niveau de 2019 et atteint presque les 2 millions. Le SEFRI annonce des règles plus strictes pour ses aides financières au secteur de la formation continue. Les organismes bénéficiaires devront désormais fournir eux-mêmes 40% des fonds. Un nouveau défi s’annonce pour l’AUPS et ses membres.
De la conférence à vocation scientifique au cours de danse: au début des années 1990, l’AUPS soulignait la diversité des programmes des UP. Source: rapport annuel 1990/91.
Où se trouvent les UP de Suisse et qui les fréquente? Les données statistiques de l’année 1996/97 montraient un recul en matière de cours, de lieux offrant des cours, d’heures de cours, de fréquentation et d’heures-personne. Source: rapport annuel 1996/97, p. 2.
Passage de la culture à l’économie, de l’OFC au SEFRI
Jusqu’en 1992, la Fondation Pro Helvetia fut responsable du soutien financier aux organismes nationaux de l’éducation des adultes. La compétence en la matière passa alors à l’Office fédéral de la culture (OFC, initialement Office fédéral des affaires culturelles) rattaché au Département fédéral de l’intérieur. La nouvelle gestion publique pénétra tous les niveaux de l’administration.
En 1999, Philipp Gonon et André Schläfli présentèrent leur rapport « La formation continue en Suisse. Situation et perspective ». Ils y décrivaient l’éducation culturelle des adultes, la formation professionnelle continue et la formation continue pour les besoins de la carrière comme des domaines distincts, mais complémentaires. Ils concluaient entre autres, au vu des situations cantonales, que l’éducation des adultes en Suisse est « peu unifiée » et « répartie entre un grand nombre d’acteurs et de structures ».(28)
En mai 2006, le souverain suisse accepta les nouveaux articles constitutionnels sur la formation. La Suisse y est définie comme un espace de formation cohérent, auquel la Confédération et les cantons donnent conjointement sa forme. L’article 64a stipule que « la Confédération fixe les principes applicables à la formation continue ».(29) On avait ainsi la base nécessaire pour créer au niveau national une loi sur la formation continue. Après d’âpres discussions, les Chambres fédérales adoptent la loi fédérale sur la formation continue (LFCo) qui entre en vigueur le 1er janvier 2017.
La LFCo renonce à donner une définition positive de la formation continue. Elle comprend la formation continue sans contenu détaillé comme une formation non étatique et non formelle. La Confédération limite son soutien financier en faveur de la formation continue à l’encouragement de l’acquisition et du maintien de compétences de base chez l’adulte. Ces compétences couvrent les domaines suivants : lecture et écriture, capacité à s’exprimer oralement dans une langue nationale, mathématiques élémentaires et utilisation des technologies de l’information et de la communication. Ce faisant, la Confédération s’appuie en premier lieu sur des mesures d’encouragement comprises dans des lois spéciales telles que la loi sur les étrangers, la loi sur l’assurance-chômage, la loi sur la formation professionnelle, la loi sur l’assurance invalidité, ou dans la législation sociale.
Elle laisse la mise en œuvre des mesures touchant les compétences de base aux cantons, qu’elle subventionne pour cela jusqu’à la moitié au maximum de leurs dépenses.
Elle indique à l’art. 4 LFCo ce qui lui importe :
« La Confédération poursuit, conjointement avec les cantons, les objectifs ci-après en matière de formation continue :
- soutenir les initiatives individuelles de formation continue ;
- créer des conditions permettant à chacun de suivre des formations continues ;
- améliorer les chances des personnes peu qualifiées sur le marché de l’emploi ;
- créer des conditions cadres favorables aux prestataires de formation continue tant publics que privés ;
- garantir la coordination des offres de formation continue réglementées et soutenues par la Confédération et les cantons ;
- suivre les développements de la formation continue à l’échelle internationale, les comparer avec les développements à l’échelle nationale et en évaluer les effets. » (30)
La LFCo confirme une tendance qui se dessinait déjà au tournant du millénaire : la Confédération, de plus en plus imitée par les cantons, réserve son soutien uniquement aux prestations « utiles » dans la formation de base et à l’enseignement des langues aux allophones, et en exclut désormais l’éducation générale des personnes de tous âges et de toute origine dans les domaines de la science et de la culture. Il en va en fin de compte de l’employabilité de l’individu, de sa valeur économique.
On le voit également au changement d’interlocuteur vis-à-vis de l’AUPS. L’institution compétente en matière de soutien n’est plus l’Office fédéral de la culture, mais le Secrétariat d’État à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI) au sein du Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche.
L’AUPS reçoit encore un soutien pour sa contribution au développement de la politique en matière de formation, à l’assurance et au développement de la qualité, à la numérisation, et pour des tâches particulières isolées. Elle est ainsi, aux côtés entre autres de la Fédération suisse Lire et Écrire et de la FSEA, un des huit organismes subventionnés aux termes de la LFCo.
Les activités globales de l’AUPS ne modifient en rien la typologie des Universités populaires, qui peuvent être réparties en trois catégories :
- Les UP qui sont perçues comme des institutions de formation professionnelles et, surtout dans les villes d’une certaine importance, bénéficient généralement du soutien des pouvoirs publics pour leurs prestations culturelles.
- Les UP faisant appel au bénévolat, le plus souvent des associations constituées dans des villes moyennes et des villages, qui reçoivent pour la plupart des subventions communales, souvent également de la part de communes voisines. Elles sont d’importants vecteurs de la culture.
- Les Corsi per adulti du Tessin, organisés dans l’ensemble du canton et dans le Moesano grison et intégrés dans l’administration cantonale.(31)
Le point commun de toutes les Universités populaires est l’éducation générale en matière de culture, de sciences, de politique, de santé, qu’elles offrent dans une grande variété de cours et de formats.
Les délégués à l’assemblée générale de 2002 votent. Source: archives AUPS, boîte 6.
Tirer des enseignements des crises
Les Universités populaires ne sont pas seulement des lieux d’un apprentissage solidaire, elles sont aussi des organismes apprenants. L’Association et ses membres ont connu de 2013 à 2024 pas moins de deux crises qu’elles n’ont pu surmonter que par des efforts partagés, avec énormément de cœur et grâce au soutien des pouvoirs publics.
La première crise se déclencha – était-ce un hasard ? – au moment où la formation continue se réorientait vers l’économie. En 2013, il fallut admettre que l’AUPS vivait au-dessus de ses moyens et que les réserves étaient épuisées. Christoph Reichenau, alors vice-président, dut prendre les rênes et réformer l’Association : suppression du secrétariat de Berne, réduction des activités avec en premier lieu l’abandon du secteur des examens de langues et des coupures radicales dans les activités internationales, et prise en charge par le comité directeur des activités opérationnelles. L’Association put ainsi être sauvée de la faillite et se projeter vers l’avenir avec un nouveau comité directeur.
On put voir le résultat à l’occasion des 75 ans de l’Association, célébrés en 2018 à Granges, et avec la plaquette commémorative « Éducation à la raison » dont l’élément central est le « Manifeste analogique », un appel à comprendre l’apprentissage comme une activité sociale, une action menée en commun, un appel également à éduquer les gens à une attitude critique envers les promesses de salut de la technologie. Au vu de la prétention à nous apporter la délivrance avec laquelle on nous présente l’intelligence artificielle, une vision qui se répète aujourd’hui.
C’est avec ce regain de vie que l’AUPS affronta la pandémie de la Covid-19. Elle put à cette occasion jouer pleinement son rôle de faîtière en assurant conseils, soutien et offres de formation continue aux responsables de cours contraints de passer d’un jour à l’autre à l’enseignement en ligne, et en pratiquant le transfert et les échanges de savoir-faire avec d’autres faîtières.
Les deux crises ont illustré à quel point l’Association est importante pour assurer un avenir à l’idée de l’Université populaire. Les enseignements à tirer sont que le secrétariat doit avoir une dimension minimale pour assurer des prestations aux membres, mais également que les membres doivent impérativement prendre davantage en compte les priorités de la politique en matière de formation afin qu’elles-mêmes et l’éducation générale des adultes aient voix au chapitre dans l’espace de formation qu’est la Suisse.
Rénovation des Universités populaires –
Interview avec l’ancien président Christoph Reichenau
Qu’est-ce qui a changé depuis la mise en vigueur de la loi sur la formation continue ? Comment se présente l’avenir des UP en Suisse ? Quelle tâche attend ici l’AUPS ? Trois questions posées le 2 mai 2018 à Christoph Reichenau, président de l’Association.
Qu’est-ce qui a changé pour l’AUPS depuis la mise en vigueur le 1er janvier 2017 de la loi sur la formation continue ?
On a pris conscience de l’existence de l’AUPS et des UP. Et ce avec leurs deux domaines cardinaux de la culture générale et des compétences de base. Les connaissances culturelles et scientifiques générales que nous diffusons apportent dans le paysage de la formation continue une qualité qui n’existerait pas sans elles. L’engagement des UP en faveur des compétences de base tourne autour, par exemple, de l’écriture, de la lecture, de capacités de base en TIC, des mathématiques. Le soutien fédéral ne concerne cependant que ces éléments. En paroles, on témoigne de beaucoup de bonne volonté pour la culture générale, mais financièrement il n’y en a que pour les compétences de base. L’AUPS reçoit actuellement 204 000 francs de subvention par année (voir texte précédent). Elle remplit pour cela certaines tâches fixées dans une convention de prestations. Pour la période 2017-2020, il s’agit par exemple, à côté de la formation continue interne à l’intention du corps enseignant et du personnel administratif des UP, de la réalisation d’un projet pilote pour l’activité formatrice d’ambassadeurs de la formation allant au-devant du public-cible, de l’élaboration d’un rapport sur l’avenir de la formation de base, et d’une recherche sur les besoins en formation des personnes de 65 ans et plus. La plupart de ces tâches exigent l’implication de membres.
Les UP ont une orientation humaniste. Le marché veut des compétences, l’offre en formation continue fonctionne selon les principes du marché. Comment les UP affrontent-elles ces différences ?
Les UP fournissent une prestation qui semble de plus en plus exposée, mais qui correspond à l’idée originelle de l’éducation des adultes – une expression qui a presque disparu, tout étant désormais «formation continue». Nous défendons le savoir qui n’a pas d’objectif précis. Nous nous concentrons sur l’envie qu’ont les gens de mieux comprendre quelque chose, de pénétrer des faits ou un domaine spécialisé, ou de les comprendre par pur plaisir. Tout ce que l’on sait ne doit pas nécessairement servir directement à réaliser quelque chose de professionnel ou extra-professionnel.
Toutefois, plus une UP est grande, et plus elle a intérêt à développer, dans le domaine des compétences de base, des prestations à l’intention de la société. Ces compétences de base ne se limitent pas à l’écriture, à la lecture, aux TIC et aux mathématiques, elles s’étendent également à toutes les compétences imaginables en matière de communication. Ici, les concurrents peuvent devenir des partenaires.
Quelles fonctions l’AUPS a-t-elle de nos jours – et aura-t-elle à l’avenir ?
L’Association doit agir en fiduciaire pour toutes les UP. Ceci vaut également pour les UP situées dans des cantons où une UP n’obtient plus de soutien public. Les UP doivent, avec notre soutien, être en mesure de faire un travail de bonne qualité. Nous discutons en ce moment de la manière dont nous voulons assurer et certifier la qualité. Cela peut se faire au moyen d’un label reconnu ou d’un label AUPS. Il ne s’agit pas ici d’argent, mais de qualité.
Au niveau national, nous devons essayer d’individualiser la formation continue en compétences de base. Cela signifie que ce n’est pas la personne qui doit convenir au cours, mais le cours à la personne. Il faut commencer par définir des objectifs de concert avec les personnes intéressées, et à la fin établir un plan de formation. L’idéal serait que ce plan puisse être réalisé dans des UP, peut-être aussi autre part. Dans le domaine des compétences de base, l’important est donc pour nous le principe « Abandonnons la norme, choisissons l’individu ».
Dans le domaine des connaissances culturelles générales, nos membres continueront à utiliser les formats éducatifs habituels. Étonnamment, nous trouvons toujours de bonnes personnes disposées à y travailler même pour un salaire modeste ! Dans une UP, à condition bien sûr d’avoir un minimum de capacité méthodologique, chacun peut venir avec sa passion, avec son idée. C’est la raison pour laquelle la discussion sur la qualité est d’une importance cardinale. Les nombreux spécialistes inconnus trouvent ainsi dans les UP, eux aussi, une plateforme de médiation culturelle.
Président de 2013 à 2021: Christoph Reichenau.
Présidents de l’association
944 – 1954
Adolf Portmann
Professeur de zoologie à Bâle, président de l’UP de Bâle de 1938 à 1964.
Adolf Portmann
1955 – 1964
Hermann Weilenmann
Économiste, parallèlement directeur de l’UP de Zurich de 1928 à 1964 (après en avoir été secrétaire).
Hermann Weilenmann
1965 – 1968
Karl Fehr
Philologue classique et germaniste, professeur de gymnase, professeur privé.
Karl Fehr
1968 – 1976
Jean-Marie Möckli
Philologue classique, parallèlement secrétaire général de l’UP du Jura (1956-1991).
Jean-Marie Möckli
1976 – 1980
Anton Lindgren
Naturaliste, didacticien, parallèlement directeur de l’UP de Berne (1971-1983).
Anton Lindgren
1980 – 1982
Roland Ris
Germaniste, professeur de langue et littérature allemandes à Berne et à l’EPF de Zurich.
Roland Ris
1983 – 1992
Robert Schneebeli
Historien et angliciste, parallèlement directeur de l’UP de Zurich (1966-1992).
Robert Schneebeli
1993 – 1996
Urs Hochstrasser
Mathématicien, physicien, informaticien, directeur de l’Office fédéral de l’éducation et de la science (1969-1989), parallèlement président de l’Association des universités populaires bernoises (à partir de 1989).
Urs Hochstrasser
1997 – 2003
Pierre Cevey
Économiste, conseiller d’État du canton de Vaud (1984-1994).
Pierre Cevey
2004 – 2012
Fabien Loi Zedda
Philologue classique, ancien directeur de l’UP de Lausanne, secrétaire général du Département de la formation du canton de Vaud.
Loï Zedda
2013 – 2021
Christoph Reichenau
Avocat, ancien président de l’UP de Berne, directeur suppléant de l’Office fédéral de la culture (1997-2003) et secrétaire culturel de la ville de Berne (2003-2008).
Christoph Reichenau
2021 –
Pius Knüsel
Journaliste, ancien directeur de Pro Helvetia Fondation suisse pour la culture (2002–2021), puis directeur de l’Université populaire de Zurich (2012–2021).
Pius Knüsel
Fussnoten
- Montanari Häusler 2011, S. 29–36.
- Montanari Häusler 2011, S. 36.
- Wittpoth 2013, S. 28; Montanari Häusler 2011, S. 34.
- Montanari Häusler 2011, S. 32.
- Mattsmüller 1976, S. 343f.
- Staatsarchiv Zürich, Ablieferung Stiftung VHS des Kantons Zürich, Zeitschrift «Volkshochschule».
- Mattmüller 1976, S. 346.
- Weilenmann 1944a, S. 8.
- Données statistiques : Staatsarchiv Zürich, Ablieferung Stiftung VHS des Kantons Zürich, Zeitschrift «Volkshochschule», 1945/4, S. 123.
- Nationale Schweizerische UNESCO-Kommission, in: Schweizerische Lehrerinnenzeitung, 1951, S. 329.
- Montanari Häusler 2011, S. 100–103, Jahresberichte VSV 1965/66 bis 1968/69.
- Évolution sur la base des rapports annuels de l’AUPS de 1970/71 à 1979/80.
- https://www.bak.admin.ch/bak/de/home/themen/kulturfoerderungsgesetz/geschichte-der-bundesstaatlichen-kulturfoerderung.html#-1964039506
- Clottu 1975, S. 401.
- Rapport annuel de l’AUPS 1978/79, px. 3 et suiv.
- Rapport annuel de l’AUPS 1984/85, pp. 5-8 (Dans ce rapport, le président de l’AUPS Robert Schneebeli passe en revue d’un œil critique l’histoire de l’Association).
- Institut de l’UNESCO pour l’Éducation, p. 1.
- On relève depuis les années 1960 aussi bien des discussions sur l’apprentissage tout au long de la vie que l’argument selon lequel les UP ont un avenir précisément grâce à ce domaine, voir rapports annuels ou Montanari Häusler 2011, p. 40.
- Rapport annuel de l’AUPS 1996/97, p. 11.
- Rapport annuel de l’AUPS 2000/01, p. 4.
- Rapport annuel de l’AUPS 2002/03, p. 6 ; pour l’évolution, voir les rapports annuels de 1997/98 à 2001/02. De premières lois cantonales sur la formation des adultes ou la formation continue avaient déjà été mises en vigueur au cours des années 1990, voir aussi Montanari Häusler, pp. 42-48.
- Rapport annuel de l’AUPS 2003/04, p. 10.
- Rapport annuel de l’AUPS 2003/04, p. 5.
- Rapport annuel de l’AUPS 2010/11, introduction du conseiller fédéral Didier Burkhalter, p. 1. Pour des indications sur les soutiens, voir les rapports annuels.
- Rapport annuel de l’AUPS 2011/12, rapport annuel de Fabien Loi Zedda.
- Archives privées de Christoph Reichenau, divers documents de 2013 ; entretien avec Christoph Reichenau sur le présent et l’avenir de l’AUPS, 2 mai 2018.
- Entretien avec Christoph Reichenau sur le présent et l’avenir de l’AUPS, 2 mai 2018.
- Schläfli/Gonon 1999.
- https://www.fedlex.admin.ch/eli/cc/1999/404/de
- LFCo, art. 4.
- Entretien avec Christoph Reichenau sur le présent et l’avenir de l’AUPS, 2 mai 2018.
Littérature
- Clottu, Gaston et al.: Beiträge für eine Kulturpolitik in der Schweiz. Bericht der eidgenössischen Expertenkommission für Fragen einer schweizerischen Kulturpolitik. Bern 1975.
- Dominicé, Pierre; Finger, Matthias, avec la collaboration de Christine Gardiol Gutierrez: L’éducation des adultes en Suisse. Zürich 1990.
- Furrer, Hans: Erwachsenenbildung. In: Historisches Lexikon der Schweiz (HLS), http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/d/D13912.php; Version vom 15.11.2005.
- Grunder, Hans-Ulrich: Wartenweiler, Fritz. In: Historisches Lexikon der Schweiz (HLS), http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/d/D9087.php; Version vom 17.11.2015.
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- Keller, Rolf: Kulturpolitik. In: Historisches Lexikon der Schweiz (HLS), http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/d/D10993.php; Version vom 14.7.2010.
- Lindgren, Anton; Mattmüller, Hanspeter: Volkshochschule Bern 1919–1979. Bern 1979.
- Mattmüller, Hanspeter: VHS in Basel und Zürich. Zur Geschichte der Erwachsenenbildung in der Schweiz. Bern 1976.
- Montanari Häusler, Beatrice: Bildung als Auftrag. Die Volkshochschule beider Basel im Wandel ihres Publikums und Programms (1969–2009). Basel 2011.
- Nationale Schweizerische UNESCO-Kommission: Erwachsenenbildung in der Schweiz. In: Schweizerische Lehrerinnenzeitung 55/1950-51, S. 329–331.
- Schläfli, André; Gonon, Philipp: Weiterbildung in der Schweiz: Situation und Perspektiven. Frankfurt a.M. 1999.
- Schneebeli, Robert; VSV: Die Schweizerischen Volkshochschulen an der Schwelle zum XXI. Jahrhundert. Herausgegeben vom VSV. 1991 (in Archiv VSV, Schachtel Nr. 6)
- Schweizerische Vereinigung für Erwachsenenbildung (Hg.): Erwachsenenbildung in der Schweiz. Zürich 1955.
- UNESCO-Institut für Pädagogik; Bundesministerium für Bildung, Wissenschaft, Forschung und Technologie: Hamburger Deklaration zum Lernen im Erwachsenenalter. Agenda für die Zukunft. Fünfte Internationale Konferenz über Erwachsenenbildung, 14.–18. Juli 1997, Hamburg 1998.
- Weilenmann, Hermann: Die schweizerischen Volkshochschulen im Jahre 1944. Hg. Verband der schweizerischen Volkshochschulen. Zürich 1944. (= Weilenmann 1944a)
- Weilenmann, Hermann: L’Université Populaire. Principes et Réalisations. Genf 1944. (= Weilenmann 1944b)
- Weilenmann, Hermann: Die schweizerischen Volkshochschulen 1956/57. Hg. Verband der schweizerischen Volkshochschulen. Zürich 1957.
- Weibel, Andrea: Hochstrasser, Urs. In: Historisches Lexikon der Schweiz (HLS), http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/d/D24735.php; Version vom 23.5.2005.
- Wittpoth, Jürgen: Einführung in die Erwachsenenbildung. 4., überarbeitete und aktualisierte Auflage. Opladen/Toronto 2013.
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